Le témoin d’une époque
Le Théâtre Plaza, pour ceux qui s’en souviennent, fut jadis une salle de cinéma parmi les plus luxueuses et les plus prospères de la métropole. En effet, dès son ouverture en 1922, et jusqu’a la fin des années 1970, la salle fit honneur à sa vocation première : présenter en 35mm des films populaires et de répertoire. Signe des temps, le Théâtre Plaza ferma ses portes au tournant des années 1980 comme tant d’autres à Montréal. On peut penser au Séville, à l’Élysée, à l’Orpheum ou au York… Toutes ces salles laissées à l’abandon passèrent tôt ou tard sous les marteaux piqueurs. Ou bien elles furent recyclées pour accueillir des pharmacies (le Rivoli), des librairies (le Regent) ou des centres commerciaux (le Snowdon). Aujourd’hui, ces salles sont des souvenirs ou ne sont plus que l’ombre de ce qu’elles étaient.
On peut maintenant compter sur une main les anciennes salles de cinéma montréalaises qui ont conservé leur architecture d’origine. On songe au Rialto ou au Corona, par exemple. Le Théâtre Plaza, étonnamment bien conservé pour ses 80 ans, fait partie de ces anciennes salles de spectacle flamboyantes qui ne demandent qu’à retrouver leur splendeur d’antan.
Par la richesse et l’exotisme de sa décoration intérieure, le Théâtre Plaza offre une magnifique illustration du style “Adam” et témoigne avec beaucoup d’éloquence d’un phénomène qui a brièvement marqué la conception des salles de cinéma au tournant des années 1920.
C’est la corporation United Amusement qui a financé la construction du Théâtre Plaza. Cette compagnie avait commencé ses activités à Montréal en 1912 avec la construction du théâtre le Strand sur la rue Sainte-Catherine. Les autres salles de cinéma qu’elle fit construire furent le Regent (1916) et le Rialto (1924) sur l’avenue du Parc, le Rivoli (1926) sur la rue Saint-Denis, le Seville (1929) sur la rue Sainte-Catherine, le Monkland (1930) sur l’avenue Monkland et le Snowdon (1937) sur le boulevard Décarie.